Une ambition partagée pour une coopération scientifique durable
Le Plan pluriannuel de collaborations entre le CNRS et l’Afrique, lancé en 2022, vise à instaurer des partenariats scientifiques fondés sur la co-construction, l’équité et l’inscription des coopérations sur le temps long. Il s’appuie sur trois dispositifs de financement, conçus spécifiquement pour accompagner la mise en œuvre du plan à différents niveaux d’ambition : les Programmes de Recherche Conjoints/Joint Research Programmes (JRP), les Écoles de Recherche Résidentielles/Residential Research Schools (RSS) et les Bourses de mobilité/Visiting Fellowships (VF).
Lors de la première vague d’appels à projets en 2023, le CNRS a financé 32 initiatives de coopération scientifique entre des chercheurs et chercheuses du CNRS et leurs homologues du continent africain. Cette dynamique se poursuit avec une nouvelle sélection de projets effectuée en 2024, mettant l’accent sur les Joint Research Programmes (JRP). Ces programmes de recherche sur quatre ans permettent de structurer des collaborations existantes et de répondre aux enjeux de formation, tout en s’ouvrant à des thématiques variées allant des sciences humaines et sociales à la biologie, en passant par la chimie et les mathématiques.
Les Residential Research Schools (RSS) : programme de 2 semaines visant à faciliter le transfert de connaissances et le renforcement des capacités à travers l’organisation de cours thématiques ou méthodologiques du niveau Master 2 au niveau Jeunes chercheurs. Les écoles doivent se tenir en Afrique.
Les Visiting Fellowships (VF) : échange de chercheurs comprenant un séjour résidentiel obligatoire du partenaire africain dans le laboratoire du porteur principal côté CNRS et une incitation des porteurs CNRS à enseigner, dans le cadre de missions de courte durée, dans l’institution africaine partenaire.
Des projets de recherche internationaux couvrant l’ensemble des disciplines scientifiques
Parmi les projets sélectionnés en 2024, figurent deux projets en sciences humaines et sociales. Le projet SOCPOL, co-porté par Marie-Emmanuelle Pommerolle, chercheuse CNRS à l’Institut des mondes africains et la professeure Nadine Machikou Ngameni de l’Université de Dschang (Cameroun), explore les processus de socialisation politique en contexte autoritaire, avec une attention particulière portée au Cameroun. Ce projet ambitieux entend également ouvrir la voie à des études comparatives avec d’autres pays au-delà des frontières africaines. Le projet UDYMAO quant à lui s’intéresse aux mangroves d’Afrique de l’Ouest comme socio-écosystèmes. Cette initiative, menée par Julien Andrieu, enseignant-chercheur au laboratoire « ESPACE » et Ababacar Fall maître de conférence à l’Ecole Polytechnique de Thiès (Sénégal), aura pour ambition de cartographier des mangroves en Afrique de l’Ouest, d’en analyser les usages locaux, et d’en modéliser les impacts, afin de contribuer à une meilleure gouvernance et à la durabilité de ces espace. Ce projet qui combine enquêtes de terrain et télédétection portera une attention particulière aux populations féminines et aux communautés locales.
En chimie, deux projets ont également été retenus. Le projet VATIVIR est centré sur la valorisation de plantes malgaches aux propriétés antivirales contre le SARS-CoV-2. Porté par Estelle Metay directrice de recherche à l’ICBMS – Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et Supramoléculaires et Voahangy Vestalys Ramanandraibe directeur du Laboratoire international associant l’Université de Lyon et l’Université d’Antananarivo (Madagascar), ce projet vise à identifier et moduler les molécules actives à l’origine de ces effets antiviraux. Le second projet sélectionné est quant à lui mené par Prince Nana Amaniampong chercheur à l’Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers et Nana Yaw Asiedu professeur à l’Université des Sciences et Technologies Kwame Nkrumah (Ghana) ; leur projet, ChemChoc, explore le potentiel des cabosses de cacao transformées en produits chimiques valorisables dans divers secteurs industriels (cosmétique, agriculture, chimie fine ou encore producteurs de chocolat).
Dans le domaine de la biologie, le projet MoPaRed co-porté par Stéphanie Blandin chercheuse au Laboratoire « Modèles Insectes de l’Immunité Innée – M3I », et Ayola Akim Adegnika et Steffen Borrmann, professeurs au Centre de Recherche Médicale de Lambaréné – CERMEL (Gabon) se penche sur les interactions moustique/parasite dans la lutte contre le paludisme. En s’appuyant sur la technique du forçage génétique, ce projet franco-gabonais vise à bloquer efficacement la transmission de la maladie, tout en transférant des compétences clés vers d’autres pays africains.
Un projet mêlant sciences informatiques et mathématiques a également été sélectionné. Intitulé SPECTRE EDP, il est co-porté par Islam Boussaada enseignant chercheur au Laboratoire des Signaux et Systèmes (L2S) et Kaïs Amari du laboratoire de recherche analyse et contrôle des équations aux dérivées partielles (ACPDE) de Monastir (Tunisie). Ce projet vise à développer des méthodes unifiées pour obtenir des algorithmes plus stables et robustes face aux aléas et aux erreurs (temps de réponse, minimisation de l’erreur de suivi).
Des projets pour relever les défis du changement climatique
Les défis mondiaux tels que le changement climatique et la gestion des ressources naturelles sont également au cœur des priorités de ce programme de coopération. Fortement axé sur l’interdisciplinarité, le projet FANE-MATH-PE rassemble des spécialistes des mathématiques appliquées, de la physique, de l’écologie, de la biologie et de la biotechnologie dans l’objectif de développer des modèles mathématiques et numériques capables d’aborder des problématiques complexes et aussi diverses que le changement climatique, la gestion des ressources océaniques ou encore la prévention et le contrôle des épidémies et des cancers. Ce projet en réseau, piloté par Sophie Dabo enseignante chercheuse au laboratoire Paul Painlevé et le professeur Patrick Tchepmo Djomegni (North-West University, Afrique du Sud), réunit des scientifiques d’institutions européennes, africaines et américaines de premier plan, ouvrant ainsi la voie à la création d’un réseau durable de recherche entre la France, l’Afrique et le reste du monde.
Le projet Alkaline Wetlands s’intéresse quant à lui à la préservation du Delta de l’Okavango, un écosystème unique mais fragile en plein cœur du continent africain. Ce projet, mené par Marc Jolivet, directeur de recherche à l’Institut de Physique du Globe et Nashaat Mazrui chercheur à l’Okavango Research Institute (Botswana), vise à mieux comprendre les processus bio-géochimiques complexes qui régissent cette zone humide. Cette initiative cherche à prévoir et prévenir un effondrement écologique potentiel de ces écosystèmes, dont la stabilité est menacée par les effets du réchauffement climatique.
Avec cette seconde vague de financements, le CNRS poursuit son objectif de co-construire, avec les partenaires africains, de nouvelles collaborations de recherche, empreintes d’excellence et de réciprocité.
Ces projets, portés par une diversité de chercheurs et d’enseignants-chercheurs, témoignent d’une volonté commune de relever ensemble des défis scientifiques contemporains, ancrés tant dans la recherche fondamentale que dans le développement de solutions innovantes.
Pour aller plus loin
Institut des mondes africains, Université Paris 1 / CNRS / IRD / Université Aix-Marseille / EPHE / EHESS, France)
Laboratoire « ESPACE » Etudes des structures, des processus d'adaptation et des changements de l'espace (Université Aix-Marseille / Université Avignon / CNRS / Université Côté d’Azur, France)
ICBMS - Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et Supramoléculaires (CNRS / Université Claude Bernard, France)
Institut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers (CNRS/Université de Poitiers )
Laboratoire « Modèles Insectes de l'Immunité Innée - M3I » (CNRS/Inserm/Université de Strasbourg, France)
Laboratoire des Signaux et Systèmes (L2S) (Université Paris-Saclay, CentraleSupelec, CNRS, Inria/IPSA, France)
Laboratoire Paul Painlevé (CNRS/Université de Lille, France)
Institut de Physique du Globe de Paris (CNRS/ Université Paris Cité)
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